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Yonne : les cépages résistants promus à un avenir doré

Photo du rédacteur: chatelrozanoffchatelrozanoff

Lors de sa dernière assemblée générale, la fédération des vins de Chablis a évoqué les cépages résistants au mildiou ou à l’oïdium, notamment le voltis qui pourraient remplacer une partie des vignes, par exemple celles proches des riverains.

Elles sont développées à l’ombre des laboratoires, avant de venir coloniser les parcelles de vignes de l’Yonne. Étudiées depuis longtemps, les variétés résistantes attirent de plus en plus l’intérêt des vignerons.

Troquer le tout-puissant chardonnay pour le voltis ou floreal, vidoc ou artaban… Ces cépages aux noms bien plus confidentiels, ils ne sont pas le fruit de lignées millénaires, mais un travail de sélection scientifique pour arriver à la culture de ces espèces résistantes.


1 - Un cépage résistant c’est quoi ?

Il s’agit d’une nouvelle variété de vigne, créé afin de résister au mildiou, à l’oïdium, à la sécheresse, au soleil…

Ces nouvelles variétés, sont obtenues par croisement entre la vitis vinifera (l’espèce de vigne actuellement cultivée en France) et d’autres espèces de vitis venues des États-Unis ou d’Asie.


2 - Comment sont créées ces nouvelles variétés ?

"Les fleurs de vignes sont hermaphrodites. On castre les fleurs, une par une, pour chaque inflorescence. Puis avec un pinceau, on féconde les fleurs et on les protège dans des petits sacs jusqu’à la nouaison. À ce moment-là, les baies, dans lesquelles il y a les pépins, sont récoltées. Ils portent le matériel génétique des deux espèces", explique Bertrand Chatelet, œnologue, directeur de la Sicarex du Beaujolais (centre de recherche viti-vinicole) et chef de l’unité de Villefranche-sur-Saône de l’Institut français de la vigne et du vin.

"Cela nous permet de sélectionner parmi tous les pépins qu’ont créés ceux qui ont des gènes intéressants", ajoute-t-il. Ce qui est vérifié, c’est qu’il y a bien les caractères d’intérêt du vin (vitis vinifera) et de résistance (vitis).


3 - À quoi doivent-elles servir ?

"La pression sociétale est toujours plus importante. Nous faisons de nouvelles chartes. Mais si dans l’Yonne nous devons avoir une distance de 10 mètres autour des habitations, 350 hectares de vignes sont menacés", assure Adrien Michaut, président de la Fédération des appellations de chablis. Cet exemple illustre l’intérêt que peuvent avoir ces variétés résistantes.


"La transition écologique au vignoble, c’est l’innovation variétale"

Elles pourraient ainsi être plantées autour des habitations. "Un des leviers de la transition écologique au vignoble, c’est l’innovation variétale", résume Bertrand Chatelet.


4 - Combien de temps faut-il pour implanter ces variétés dans le vignoble ?

Une fois créées, ces variétés doivent être évaluées. "Il faut environ 15 ans aujourd’hui pour évaluer une variété", relève Bertrand Chatelet. Puis une fois implanté dans un vignoble, il faut encore attendre les fruits puis les vinifier.


5 - Quelles variétés pourraient être plantées dans l’Yonne ?

Ces variétés, élaborées dans les centres de recherches nationaux comme l’Inra, mais aussi au niveau régional, on permit de faire émerger certaines variétés. "Le voltis a une proximité sensorielle avec le chardonnay", explique Bertrand Chatelet. Avec le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne des cuvées sont actuellement élaborées, en assemblage à 5 et 10 %. "On voit que cet assemblage modifie peu le profil du vin pour la dégustation, que ce soit en chablis pour les hautes côtes de Beaune ou en Beaujolais", permettant la conservation de la typicité des vins. En termes agronomique, les deux variétés sont similaires pour le débourrement, la floraison, la véraison ou la maturité. "En terme œnologique, le voltis est assez proche. Le floreal a des degrés probables plus faibles d’alcool, ce qui peut être intéressant" dans un contexte de réchauffement climatique.


Des ceps résistants dans le cahier des charges des AOC ? Aujourd’hui environ 40 variétés sont inscrites en France au catalogue, et utilisables pour la fabrication des vins de France. Le comité national des AOC viticoles a également souhaité que les ODG puissent évaluer de nouvelles variétés. Une expérimentation rendue possible suite à la modification de la réglementation européenne qui n’autorisait que les vitis vinifera. Pour cela, il y a néanmoins un certain nombre de règles : maximum 5 % d’encépagement, limiter à 10 variétés possibles par appellation, élaboration d’une convention entre l’ODG, l’institut national de l’origine et de la qualité et le fournisseur… Cette expérimentation doit durer 10 ans sur l’exploitation qui la réalise. Les vins produits avec ces variétés sont faits en assemblage (5 à 10 %). "L’intérêt, c’est qu’on ne perd pas l’appellation durant l’expérimentation", assure Bertrand Chatelet.

 
 
 

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