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Rénovation des églises : un casse-tête économique pour les petites communes dans l'Yonne

  • Photo du rédacteur: chatelrozanoff
    chatelrozanoff
  • 10 avr. 2021
  • 3 min de lecture


Le département de l'Yonne compte plus de 460 églises. On estime qu'une centaine d'entre elles auraient besoin de travaux de restauration importants. Mais pour les plus petites communes, le coût d'entretien de ce patrimoine culturel et historique est de plus en plus difficile à prendre en charge.


Depuis 1905, et la loi sur la séparation de l'État et des églises, les communes doivent entretenir les édifices religieux dont elles sont propriétaires. Dans l'Yonne, toutes les églises appartiennent aux communes, sauf la cathédrale de Sens, qui appartient à l'État. Les communes propriétaires sont tenues d'entretenir et de rénover l’extérieur de leurs églises. Cala concerne donc des travaux de gros œuvre, pour préserver la structure de l'édifice : les murs, la toiture, la charpente ou encore les sols. D'importantes rénovations qui s'élèvent souvent à plusieurs millions d'euros.


"Il nous manque un million d'euros" - Yves Delot, maire de Saint-Florentin


À Saint-Florentin, l'église surplombe la commune. Depuis quelques semaines, elle est entourée d’échafaudages. Des travaux de rénovation, prévus sur six ans, sont prêts à débuter. Ils ont un coût très important raconte le maire, Yves Delot : "C'est un dossier à cinq millions d'euros, financé par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) à hauteur de 40 %. On a aussi une aide du Conseil régional. Et pour le reste, il faut qu'on se débrouille. Il nous manque un million d'euros".


Une somme très importante pour une commune de moins de 5 000 habitants. Mais pour la municipalité, c'est une priorité de prendre soin de ce patrimoine. "C'est un monument classé, datant du XVIe siècle. Elle représente un vrai attrait, on la voit des quatre coins de la commune. Cette église, c'est l'emblème de Saint-Florentin, on n'a pas le droit de laisser pourrir le bâtiment", explique Yves Delot. Alors pour financer les travaux, la commune de Saint-Florentin lance une souscription auprès de la Fondation du Patrimoine, en espérant que cela permette de couvrir la somme d'un million d'euros manquant à la rénovation de l'édifice.


"On a été obligé de prendre un prêt sur 25 ans" - Claude Conte, maire de Thury


L'église de Thury a été rénovée en 2016. Le coût de l'opération s'est élevé à plus de 400.000 euros. 22 % du prix restait à la charge de la commune.

Pour sauver leur église, d'autres communes font le choix d'un emprunt. Sur la place principale, en plein cœur de Thury, commune de 450 habitants, l'église était prête à s’effondrer. "La charpente était morte, il fallait faire quelque chose", dit Claude Conte, le maire de Thury. Alors en 2016, d'importants travaux de rénovation ont dû être entrepris. Près de 470 000 euros de travaux. Malgré les subventions de la DRAC, du Conseil Régionale ou encore de la Fondation du Patrimoine, il restait encore plus de 200 000 euros à la charge de la commune. Impossible à payer. "On à été obligé de prendre un prêt sur une durée de 25 ans", explique Claude Conte.


Aujourd'hui, les travaux de rénovation de l'église ont eu lieu, mais les conséquences pèsent encore sur la commune de Thury. Le remboursement du prêt s'élève a environ 8000 euros par an, soit 10 % du budget investissement de la municipalité. "On est obligé d'étaler les autres projets dans le temps. On a des travaux de voirie qui coûtent cher, on a d'autres bâtiments et des routes à entretenir... On ne peut pas tout faire en même", déplore le maire.


L'église de Thury est classée Monument historique. En 2016, les travaux ont permis de reprendre la charpente et de changer la toiture.

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Dans d'autres communes, la désacralisation des édifices religieux s'imposent de plus en plus comme une solution. À Vézelay, commune de 460 habitants, l'église Saint-Etienne appartient au domaine public depuis plusieurs décennies. Récemment, elle a été remise en vente, à la suite du décès de ses propriétaires. "Nous avions la possibilité de préempter", raconte Hubert Barbieux, le maire de Vézelay.


Mais d'importants travaux de restauration s'élevant à plusieurs millions d'euros devaient être menés. "La commune n'avait pas les moyens financiers de réaliser les travaux, explique le maire de Vézelay. Il apparaissait raisonnable de laisser acheter l'église."

L'édifice est racheté par un antiquaire, Julien Cohen, qui prévoit d'y installer plusieurs commerces. La municipalité a donc passé un accord tacite avec l'acheteur : la commune récupère le chœur de l'église pour y installer l'Office de tourisme, et l'acheteur garde le reste de l'édifice pour ses activités commerciales. "C'est du gagnant-gagnant. Vézelay a besoin d'un centre historique et d'une économie touristique", dit Hubert Barbier


"C'est une vraie problématique avec une inégalité entre les petites communes et les grosses communes. Pour les budgets des petites communes, c'est difficile", réagit Dominique Vérieu, Sénatrice de l'Yonne et Conseillère Municipale à la Mairie de Saint-Sauveur-en-Puisaye. "Il y a beaucoup de choses qui pèsent sur le budget d'une commune, il faut toujours faire des choix, et parfois, on a du mal à sauver des bâtiments qui sont en très grande difficulté", poursuit-elle.

 
 
 

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