Les viticulteurs de l'Yonne recrutent poules, chevaux, moutons, abeilles pour leurs vignes
- chatelrozanoff
- 14 nov. 2020
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Pas plus gros qu’un pouce, ou pesant plusieurs centaines de kilos. Dans les vignes de l’Yonne, le règne animal peut s’avérer être un auxiliaire de choix pour ceux qui y travaillent. À Vézelay, Préhy ou ailleurs dans le Chablisien, des vignerons l’ont bien compris et s’entourent de chevaux, de poules ou d’abeilles.
Des poules, "il y en a toujours eu" au domaine du château de Fleys. Héritage de ce qui était une ferme. Et aujourd’hui encore, les gallinacées côtoient les vignes qui bordent le domaine.
Cette vision, elle n’a pas toujours été naturelle à quelques kilomètres de là. À Préhy, la présence d’une centaine de poules sur un hectare de vigne est récente au domaine de Mauperthuis. "Elles entretiennent le sol." Engagés dans une démarche de biodynamie, Laurent et Marie-Noëlle Ternynck travaillent désormais avec ces oiseaux pour cultiver leurs parcelles, qui contribuent à aérer la terre et à fournir de l’engrais. "Et puis les salariés récupèrent chaque jour les œufs."
Des vins de l'Yonne blancs, rouges et même oranges nés dans des amphores
Plus au sud du département, Martin Barbieux a, lui, fait le choix d’animaux à quatre pattes. Entre les rangs de ses vignes, des moutons "doivent arriver en décembre", explique le vigneron installé à Vézelay. C’est dans la parcelle voisine à la basilique Sainte-Marie-Madeleine, la "vigne blanche" de l’enceinte de l’ancienne clôture monastique, qu’il va faire paître deux shropshire. "Ce sont des moutons anglais, rustiques, qui ne mangent pas l’écorce", explique-t-il. Pour protéger les vignes de l’appétit de ces moutons blancs à la tête noire, ils devraient rester dans les parcelles "d’octobre à mars", avant que la végétation ne se développe. "Il faut les enlever avant que les bourgeons arrivent." Si cette pratique n’est pas courante aujourd’hui, "avant au moment de la transhumance, des centaines de moutons traversaient les vignes", assure Martin Barbieux.
"Les moutons permettent de bien préparer le sol"
"Il s’agit de faire comme les anciens. Les moutons apportent de la fumure (l’amélioration des terres par le fumier, ndlr.). Ça permet de bien préparer le sol", ajoute le vigneron. Un soutien d’autant plus important dans cette parcelle pentue qui ne permettrait de toute façon pas de l’entretenir de façon mécanisée. "Cela crée un cercle vertueux."
Un cercle vertueux
Ce travail, conduit par les hommes avec l’aide des animaux, est aussi une option choisie par des vignerons qui cultivent les parcelles de grands crus de Chablis. Certains privilégient les chevaux de trait pour labourer et entretenir, là encore, les sols, comme aux domaines des Malandes de Chablis.
Il laboure des parcelles de grands crus de Chablis au rythme des chevaux
Face à ces équidés de plusieurs centaines de kilos, le règne animal trouve aussi sa place à une échelle très différente. Dans le Chablisien, le domaine Laroche a par exemple installé des nichoirs. De quoi favoriser la biodiversité dans les vignes, mais aussi se débarrasser de certains insectes indésirables. Mais tous ne le sont pas. Depuis le printemps 2019, le domaine du Château de Fleys a ainsi installé quatre ruches.
"Par rapport à une époque, on voyait moins d’abeilles"
"J’ai toujours voulu avoir des ruches", explique Olivier Philippon. La certification du domaine en Haute valeur environnementale (HVE) a été le déclic. Avoir des ruches est un critère qui appuie cette certification, en complément de l’implantation de haies, de zones enherbées, du traitement des effluents, etc. "Par rapport à une époque, on voyait moins d’abeilles, raconte le vigneron. Dans le passé, il y avait des ruches au-dessus des vignes".
Le nombre d’exploitations à Haute valeur environnementale a doublé en un an dans l'Yonne
"Débutant", Olivier Philippon se forme et apprend à prendre soin de ses essaims. Car si les abeilles ne contribuent pas directement aux vignes, qui n’ont pas besoin de la pollinisation, elles concourent à la biodiversité. "C’est un petit plus. Cela va dans le bon sens".
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