Les Franciliens, confinés dans l'Yonne pendant la crise, sont-ils prêts à s'y installer ?
- chatelrozanoff
- 21 mars 2021
- 3 min de lecture

Les Franciliens, confinés dans l'Yonne pendant la crise, sont-ils prêts à s'y installer ?
Selon une étude réalisée par l’Insee, le département de l'Yonne avait gagné 23.000 habitants entre les mois de mars et mai 2020.
L’Yonne est le premier département français du confinement. Il y a un an, mi-mars 2020, sa population avait augmenté de 7 % après l’annonce du président de la République. Beaucoup d’urbains, surtout des Franciliens, venus s’exiler dans leur maison secondaire. Mais comment les convaincre de rester ?
Le coffre de la voiture qui déborde. Les valises à deux doigts de craquer. Il y a un an, le jour après l’annonce du premier confinement, des milliers d’urbains débarquaient dans l’Yonne. Selon une étude réalisée par l’Insee, le département avait gagné 23.000 habitants entre les mois de mars et mai 2020. Soit une hausse de la population de + 7 %, dans un territoire dont la démographie décline et décline depuis dix ans.
Se mettre au vert... pour de bon ?
Un paradoxe, donc, ainsi qu’une grande dose d’espoir pour notre département. Convaincue qu’il a une vraie carte à jouer dans le monde d’après le confinement, la rédaction de L’Yonne républicaine a lancé une série d’articles, "Les Promesses de l’Yonne", pour faire parler, tous les mois, les lois de l’attraction. Objectif, mettre en lumière les forces icaunaises, sans pour autant fermer les yeux sur les faiblesses. Nos villes moyennes, nos villages sont taillés pour convaincre les métropolitains de s’installer. Se mettre au vert, mais pour de bon. Encore ne faudra-t-il pas rater le virage du télétravail, de l’exode urbain, des connexions à la nature...
Une partie des avantages de ce qui fait la vie urbaine tombe à l’eau.
Le boom du confinement se traduit déjà, dans l’Yonne, par un boom de l’immobilier. Même si les prix des biens n’ont pas (encore ?) flambé, l’offre s’amenuise à vue d’œil. Exemple à Villon, un village du Tonnerrois où, entre fin 2019 et fin 2020, pas moins de sept maisons ont été vendues. Dans un bourg de 110 habitants, ça change la vie. Parmi "les Parisiens" débarqués ici pendant le confinement, il y a Hélène, qui a ouvert un café associatif au rez-de-chaussée de sa maison : "Villon culture". Mariana était arrivée un peu avant, elle travaille désormais au cinéma de Tonnerre.
Il faut dire que le marché de l’immobilier est l’un des plus grand atouts de l’Yonne. Selon le baromètre des notaires, à la sortie du premier confinement, le prix médian des maisons était, avec celui de l’Aisne, le moins élevé de tous les départements limitrophes de l’Île-de-France : 110.000 € dans l’Yonne, contre 160.000 € dans le Loiret ou 135.000 € dans l’Aube.
Autre illustration concrète à Sens et dans ses environs, où l’agent immobilier Pascal Bourgeois raconte avoir réalisé, en juillet 2020, son "meilleur" mois depuis la fondation de C-l’immo, il y a dix ans. Ce que cherchent les clients ? "Le jardin, l’espace. Ils veulent de la nature." Résultat, les pavillons s’arrachent. Les fermettes (à retaper) aussi. Le professionnel sénonais signe alors 23 compromis de vente.
"Le manque de bonnes connexions Internet sera un frein. C’est prioritaire."
"Il y a un début de changement de mentalité des populations urbaines qui commencent à envisager un autre mode de vie", analysait Matthieu Gateau, sociologue. "En cas de crise sanitaire, une partie des avantages de ce qui fait la vie urbaine tombe à l’eau. Dans ce cas-là, l’Yonne tire sa carte du jeu notamment parce que le département reste à proximité immédiate du bassin d’emploi parisien."
Toujours des points noirs
Le démographe Hervé Le Bras tempère. "Le manque de bonnes connexions Internet sera un frein. C’est prioritaire", pointait-il. Autre point noir, le train Paris-Yonne, qui a du mal à soutenir la comparaison face aux lignes TGV. "Surtout à Auxerre, où il n’est pas génial. C’est mieux qu’autrefois, on n’est plus obligés de changer à Laroche-Migennes. Mais il y a quand même un problème, parce que pour des personnes qui sont en moins de 2 heures à Nantes ou à Bordeaux, en 1 h 30 à Rennes… La voiture sera privilégiée. Par l’autoroute, c’est plus simple, même si cela va à contre-courant de l’urgence écologique." Lui juge la revanche des villes moyennes "peu probable".
D’autant que certains problèmes semblent irrémédiables. L’Yonne est l’un des départements les plus touchés par la désertification médicale. "Cela joue sur l’attractivité. Il n’y a pas que le haut-débit", observait André Accary, président du conseil départemental de Saône-et-Loire . "Quand une famille décide de s’installer, elle regarde aussi s’il y a un médecin." Il a donc décidé de salarier des généralistes. L’Yonne y réfléchit...
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