Le drosera, étonnante plante carnivore du Morvan qui fascine toujours autant
- chatelrozanoff
- 4 oct. 2020
- 2 min de lecture

Utilisé par les sorciers et les alchimistes du Moyen Âge, le drosera est une plante carnivore qui continue à fasciner de nos jours. Ses feuilles attirent les insectes, puis les piègent et les digèrent.
Le tout très lentement. Mais efficacement. Une exception dans le monde végétal, que l’on peut observer dans le parc naturel régional du Morvan.
« J'ai travaillé comme un fou sur le drosera. Je vous citerai un fait absolument certain, et que pourtant vous ne croirez pas, à savoir qu'un poil d'un poids infime placé sur une glande fait se recourber vers l'intérieur un des poils glanduleux du drosera”.
C’est le naturaliste Charles Darwin qui est l’auteur de ces mots. Avec son fils, il a réalisé de nombreuses expériences sur cette plante carnivore pour laquelle il s’était pris de passion. C’est dire comme elle fascine. Même les plus grands scientifiques !
Dans les tourbières acides
Rare et protégé sur tout le territoire français, le drosera vit en colonies dans des marais, des zones humides et des tourbières acides. Il pousse jusqu’à 2000 mètres d’altitude, dans des zones ensoleillées.
Ses fleurs blanches sont situées sur une grande hampe, pour éviter de piéger les insectes pollinisateurs. Difficiles à observer, ces fleurs ne s’ouvrent que rarement, par fort ensoleillement, entre juin et septembre.
Les racines du drosera sont peu développées. Et pour cause : elles ne servent qu’à apporter de l’eau à la plante. La nourriture, ce sont les feuilles qui la fournissent. Des feuilles rondes, étalées sur le sol, couvertes de glandes rougeâtres, très caractéristiques.
Le processus est élaboré. Drosera signifie en grec “couvert de rosée”. En effet, les glandes rougeâtres des feuilles secrètent une substance brillante et collante. Ce qui attire les insectes, qui croient voir de la rosée ou du nectar.
Une fois posé, l’insecte est englué par cette matière collante. Comme sur du papier tue-mouche ! Les poils s’enroulent ensuite sur l’insecte, qui est lentement digéré par les enzymes produits.
Plusieurs heures sont nécessaires au repli complet de la feuille. Et un ou deux jours pour la digestion de l’insecte.
Puis la plante reprend son aspect initial. Elégante, mais redoutable !
Utile contre la toux
Le drosera est également réputé pour ses vertus thérapeutiques. On lui prête des propriétés antitussives, antibactériennes et antispasmodiques.
Comme sa cueillette est interdite dans la nature, on fait appel aux plantes cultivées, notamment dans un médicament homéopathique contre la toux.
Mais jadis, sa réputation médicinale a engendré des cueillettes massives. Sans compter que les alchimistes crurent y trouver un moyen de fabriquer de l’or.
Et que les sorciers l’utilisaient pour jeter des sorts. Ce qui en dit long sur l’aura sulfureuse de la plante !
Aujourd’hui, la disparition progressive des zones humides contribue également à sa raréfaction.
Une réserve naturelle régionale des tourbières créée
Dans le parc naturel régional du Morvan (Côte-d’Or et Nièvre), les zones humides bénéficient au contraire de mesures de protection et de restauration.
Une réserve naturelle régionale des tourbières du Morvan a même été créée en 2015. Elle abrite une belle population de drosera, dont la découverte représente toujours un moment privilégié. Même s’il faut quand même beaucoup de chance pour voir un drosera se refermer sur un insecte…
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