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  • Photo du rédacteurchatelrozanoff

L'Yonne coule à Paris


Rivière ou fleuve : pourquoi l'Yonne a été détrônée par la Seine

Selon les règles de l'hydrographie, c'est bien l'Yonne qui coule à Paris. Mais l'Histoire en a voulu autrement. Alors, rivière ou fleuve ? On vous explique comment l'Yonne a été détrônée par la Seine.

Il n’intéressera guère les sinistrés, bien sûr, mais certains médias dont France Info ou BMF.TV se sont fait récemment l’écho d’un vieux débat, à l’heure où les inondations rythment l’actualité.


Qui de la Seine ou de l’Yonne

inonde la Normandie après l’Ile-de-France ?

En vérité, la Seine ne manque pas d’air... Car si elle a inspiré les poètes, ce n’est point elle qui coule à Paris, sous le pont Mirabeau cher à Apollinaire. Point elle qui « s’en va vers la mer, en passant comme un rêve, au milieu des mystères de Paris », n’en déplaise à Prévert.


« C'est L'Yonne qui se jette dans la Manche »


Mais c'est bien l’Yonne selon cette règle que rappelle Yves Boquet, professeur de géographie à l’Université de Bourgogne et secrétaire général de l’association des géographes français. « Quand deux cours d’eau se réunissent, c’est celui ayant le plus petit débit qui se jette dans l’autre. » Et est donc son affluent.

Or, à Montereau-Fault-Yonne, à leur confluent, « la Seine a un débit moyen de 80 m3/seconde pour un bassin-versant de 10.100 km2, et l’Yonne de 93 m3/sec pour un bassin-versant de 10.836 km2 ».


"Montereau devrait s’appeler Montereau-Fault-Seine, le terme Fault en vieux-français indiquant la fin d’un cours d’eau", explique Yves Boquet. "Les choses sont plus complexes, puisque la ville devrait en fait s’apppeler Montereau-Fault-Aube..."


C’est donc bien l’Yonne qui « traverse Paris et se jette dans la Manche, à hauteur du Havre ». Et qui mériterait le titre de fleuve usurpé par la Seine, tandis que celle-ci devrait être un simple affluent.



La Seine affluent... de l'Aube

Non pas de l’Yonne mais de l’Aube, d’ailleurs. Car en amont, à Marcilly-sur-Seine, l’Aube aussi domine la Seine avec « un débit de 41 m3/sec contre 33 m3 », souligne le géographe.


Pourquoi alors cette injustice qu’ont dénoncés plusieurs auteurs, Henri Vincenot (Les canaux de Bourgogne), Roger Brunet (Atlas et géographie de la France moderne) comme Michel Grandin (Rivières de France, histoires et portraits) ? La faute aux méandres de l'Histoire...


La Seine était considérée comme sacrée par des druides et donc décrétée supérieure aux autres, puis la rivière Sequana (Seine) a été élevée au rang de divinité par les Romains. Pour ceux qui la contrôlaient, imposer la Seine était une manière d’asseoir leur pouvoir.


Autre explication selon Le Dictionnaire des canaux et rivières de France, « la Seine étant plus facile d’accès depuis la Saône que l’Yonne, les anciens ont baptisé Sequana un axe commercial de Chatillon-sur-Seine à Paris ».


Des bloggeurs blagueurs peuvent bien rebaptiser des départements (l’Yonne-et-Marne, l’Yonne-Maritime ou l’Yonne-Saint-Denis), la Seine peut dormir tranquille, dans ou hors de son lit : l’histoire ne sera pas réécrite...


Le saviez-vous ?

L'Yonne n'est pas le seul cours d'eau à avoir perdu som nom au profit d’un affluent. "Loire et Allier se valent, la Garonne devrait être le Tarn, le Rhin devrait être l'Aar, le Mississippi devrait s'appeler Ohio, et le Gange, en Indedevrait être la Yamuna", souligne le géographe Yves Boquet.

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