Immobilier rural : les citadins font des choix très ciblés

L'envie d'espace et de verdure, sous l'impact de la crise sanitaire et du développement du télétravail, a dopé les achats de maisons à la campagne. Mais de quelle campagne parle-t-on ? Des réponses dans une récente enquête de Meilleurs Agents.

Plus de 18 mois de pandémie ont contribué à rebattre les cartes de la géographie immobilière . L'appétit des ménages français habitants des grandes villes pour davantage de qualité de vie, de verdure et d'espace se confirme mois après mois dans les observations des professionnels de l'immobilier.

« La dynamique de marché s'est inversée en faveur des communes rurales, confirme Meilleurs Agents dans une étude présentée le 7 septembre. Ce n'est plus Paris ni les dix grandes métropoles françaises qui tirent le marché immobilier, comme c'était le cas depuis 5 ans. » Sur un an, pour la première fois, l'indice rural, calculé par Meilleurs Agents sur les prix des maisons, fait office de locomotive. Il progresse de 6,4 %, contre 4,5 % pour les 50 plus grandes villes de France, 4,1 % pour le Top 10 et - 1,5 % pour Paris, au 1er septembre.

Ventes au prix

« Le prix des marchés ruraux atteint désormais 1.700 euros le m², en moyenne, un niveau jamais vu depuis 2008, souligne le directeur scientifique de Meilleurs Agents, Thomas Lefebvre. Cet attrait renforcé par la crise sanitaire se traduit par une hausse des volumes de ventes annuelles (+ 13 % depuis le 1 er mars 2020). De plus, les marges de négociations sur les biens ruraux se réduisent. Avant le Covid, une transaction sur 5 se faisait au prix ; aujourd'hui c'est un tiers d'entre elles.

La soif de maisons est telle que leurs prix ont crû quasiment deux fois plus vite que ceux des appartements : + 6 % contre + 3,4 % sur douze mois. À première vue, tout l'Hexagone est concerné. En réalité, décortique Meilleurs Agents, les 28.000 communes que couvre ce segment de marché, où vit un quart de la population française, ne sont bien évidemment pas touchées de la même manière par la fièvre acheteuse.

Derrière le grand retour des maisons de campagne, ce sont en réalité deux marchés spécifiques qui profitent de la tendance. Premier gagnant, le rural périurbain c'est-à-dire les communes à proximité de grands centres urbains comme la région parisienne. Elles font partie de ce que l'Insee appelle l'aire d'attraction d'une ville (1).

Nouveau record d'activité

Secondes gagnantes de la crise, les zones rurales à forte teneur de résidences secondaires, que l'on trouve principalement dans le sud de la France et sur les littoraux non urbanisés. Ces deux segments connaissent des hausses de prix exceptionnelles, respectivement de + 9,7 % et de + 9,4 % sur un an, au 1 er septembre.

Ce n'est pas la même euphorie pour les communes plus isolées à la campagne : les prix y restent en retrait avec une hausse de seulement 1,7 % dans la période.

Nouvelle coqueluche des citadins éprouvés par le Covid, la campagne, en réalité, attire si elle est proche de la ville, de ses services et infrastructures, et/ou si elle ne se vit qu'à temps partiel. « La crise sanitaire et l'essor du télétravail ont fait émerger le concept de résidence semi-principale, où le lieu de vacances devient un lieu de vie. » Cette nouvelle tendance explique la frénésie d'achat pour les maisons en bord de mer, notamment sur la côte ouest.

D'après Meilleurs Agents, sur ce marché des résidences secondaires, les prix des stations balnéaires qui n'avaient progressé que de 4,6 % l'an dernier, ont bondi de 12,3 % cette année ! Et ce n'est pas fini. D'après une étude réalisée par Toluna pour Meilleurs Agents du 5 au 11 juillet 2021, plus de 6 télétravailleurs sur 10 déclarent avoir passé plus de temps dans leur résidence secondaire durant la crise et 40 % des télétravailleurs réguliers envisagent d'y passer près de la moitié de l'année.

Ces nouvelles tendances de la géographie immobilière s'affirment chaque jour un peu plus. Elles restent cependant marginales en volumes de transactions rapportés à l'ensemble du marché. Pour 2021, Meilleurs Agents table sur un nouveau record à près de 1,2 million de ventes, battant celui déjà exceptionnel de 2019, à 1,067 million.

(1)Ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué d'un pôle de population et d'emploi, et d'une couronne qui regroupe les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle.