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Dans l'Yonne les collectivités sont ruinées par les factures d'énergie



À Tonnerre ou encore Monéteau, les élus ont décidé d’éteindre l’éclairage public à partir de 23 heures. À Auxerre, des mesures sont à l’étude.

Baisse du chauffage, limitation de l’éclairage public ou encore restrictions pour les piscines… Face à l’explosion des factures énergétiques, les collectivités de l'Yonne tentent par tous les moyens de faire des économies. Mais ces charges exceptionnelles fragilisent les budgets jusqu’à parfois mettre en péril les futurs investissements.

À l’approche de l’hiver, les inquiétudes grandissent. Depuis des mois, les prix de l’énergie flambent et pèsent sur les finances des Icaunais. Comme eux, les collectivités subissent l’envolée des prix et tentent de faire face.


Selon l’association des maires de France (AMF) et la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), les dépenses énergétiques des communes ont augmenté de 30 à 300 % depuis 2021. Des variations imputées notamment au contexte international lié à la guerre en Ukraine.


Des charges qui explosent

Alors, comment parvenir à chauffer les écoles, les gymnases, les piscines quand les factures doublent ou triplent ? Comment tenir un budget et maintenir les investissements face à de telles variations ? Les communes de l’Yonne prennent tour à tour des mesures pour rogner sur leurs dépenses énergétiques. Ce vendredi 23 septembre 2022 encore, la Ville de Sens doit faire des annonces à ce sujet.


Mais ces restrictions ne compensent pas. "Les collectivités locales sont dans une impasse budgétaire, la conséquence sera inévitablement la limitation, à terme, de la capacité d’investissement. Tous nos programmes pluriannuels d’investissements sont remis en cause", observe Pascal Lenoir, adjoint aux finances à la Ville de Tonnerre. Les dépenses énergétiques de la commune ont quasiment doublé cette année. "En 2021, les dépenses cumulées eau - assainissement - électricité - gaz - fuel et carburant étaient de 550.000 euros. En prévisionnel pour 2022, on est à 1,060 million d’euros. Et pourtant, on a pris des mesures radicales dès le mois de mars", explique l’élu.


Tant qu’on pourra, le credo, c’est de ne pas toucher à la fiscalité.


Parmi elles, la limitation de l’éclairage public à 23 heures dans une bonne partie de la ville et l’abandon de plusieurs bâtiments considérés trop "énergivores". La maison des associations, par exemple, va fermer prochainement après le déménagement des structures. "D’après nos calculs et les consommations antérieures, si on continuait ainsi, on tournerait à 2.000 € de fuel par mois en hiver. Budgétairement, on ne peut pas", a justifié le maire Cédric Clech (SE).


Les élus ont également engagé une réflexion sur la piscine (lire aussi ci-dessous) et ont lancé le passage de l’éclairage public aux Leds. La priorité, pour l’équipe municipale, étant de "tout faire" pour ne pas augmenter les impôts, "compte tenu des taux élevés hérités du passé". Et ce, bien que l‘imposition soit la seule marge de manœuvre pour les collectivités.


"Nos crédits sont presque totalement épuisés"

Même volonté politique à Auxerre. "Tant qu’on pourra, le credo, c’est de ne pas toucher à la fiscalité", rappelle Pascal Henriat (MoDem), adjoint aux finances. "On a rajouté 790.000 euros pour les coûts de l’énergie en juin lors du vote du budget supplémentaire. On sait que l’année prochaine, il nous faudra au minimum 2 millions d’euros de plus pour les charges de personnel (après revalorisation du point d’indice et Smic, ndlr.) et de fluides", explique-t-il.


À Auxerre, le chauffage des bâtiments publics, l’éclairage et le stade nautique (porté par l’agglomération) sont les principales sources de dépenses énergétiques. Aucune mesure provisoire d’économie n’a encore été annoncée, même si "on ne s’interdit rien", insiste Pascal Henriat. Il évoque plusieurs pistes comme la limitation de l’éclairage public ou la baisse des températures dans les bâtiments. Mais "ce n’est pas encore décidé, les services travaillent dessus". Pour l’instant, la fermeture de la piscine "n’est pas envisagée".


À Monéteau, l’équipe municipale n’a pas tardé à réagir en annonçant cette semaine plusieurs mesures. Malgré une multiplication par deux des lignes budgétaires, "nos crédits destinés à assumer les factures de gaz sont presque totalement épuisés alors qu’il reste quatre mois à gérer", déplore la Ville, qui dépense habituellement 40.000 euros pour le gaz, entre septembre et décembre. "Nous savons que la molécule de gaz sera facturée trois fois le prix de l’an dernier jusqu’en décembre. Il nous faudrait donc trouver 120.000 euros et cette somme ne peut pas être trouvée en cours d’année."


Pour tenter de diminuer la facture, la maire Arminda Guiblain (DVD) et ses élus ont décidé de retarder "autant que possible" l’allumage des chaudières, visant un démarrage au 1er novembre dans les bâtiments publics, dont les écoles, si les conditions météorologiques le permettent. Le chauffage sera par ailleurs limité à 20°C dans les écoles, 19°C ailleurs, et baissé de trois degrés "en dehors des plages d’occupation". Une économie de 30.000 euros est espérée grâce à des restrictions en matière d’éclairage public, avant le passage aux Leds début 2023 : extinction complète des luminaires entre 23 et 5 heures, d’octobre à mars ; allumage retardé de 30 minutes le soir et extinction avancée de 30 minutes le matin. Des principes également applicables aux décorations de Noël, dont "le nombre de motifs va être revu à la baisse".


"En règle générale, l’électricité nous coûtait 300.000 euros par an. Là, on est à 500.000 rien que pour les trois derniers mois de l’année, c’est fou !"

YVES DELOT (Maire de Saint-Florentin)


"Il va falloir que les grands politiques parisiens se réveillent", peste Yves Delot, maire de Saint-Florentin (LR). "En règle générale, l’électricité nous coûtait 300.000 euros par an. Là, on est à 500.000 rien que pour les trois derniers mois de l’année, c’est fou ! Ça va consommer tous nos excédents de fonctionnement donc pour investir c’est embêtant, mais en même temps tous mes dossiers d’investissements sont lancés…" À Migennes, la Ville doit trouver un million d’euros d’économies. "C’est impossible, estime le maire François Boucher (LR). L’État doit intervenir."


Tous attendent des mesures fortes du gouvernement pour compenser ces factures plus que salées. "Ce qui me fait très peur, c’est l’avenir de notre budget d’investissement. Si l’investissement public des collectivités locales n’existe plus en France, la croissance connue ces dernières années ne sera plus la même", prévient Pascal Lenoir, à Tonnerre.


Les piscines font couler les finances des collectivités


Les collectivités icaunaises interrogées font toutes le même constat : les piscines sont devenues des gouffres financiers. À tel point que des mesures drastiques sont parfois nécessaires.


Pour l’instant, la fermeture du stade nautique "n’est pas envisagée" à Auxerre, indique Pascal Henriat, adjoint aux finances.


À Saint-Florentin, le nouveau centre aquatique flambant neuf devait ouvrir le 3 décembre. Les portes resteront finalement closes, pour quelques semaines au moins. En cause, un surcoût des dépenses énergétiques estimé à 500.000 €. "Les prix sont complètement fous, donc on retarde l’ouverture. On va mettre le centre aquatique en hors gel pour passer l’hiver, avec très peu d’eau non chauffée. On va à l’économie maximum", souffle Yves Delot (LR), maire de Saint-Florentin et président de la communauté de communes Serein-et-Armance, porteuse du projet à 11 millions d’euros. Quand l’équipement ouvrira-t-il ? "Je ne sais pas, on verra si on peut faire quelque chose pour le début d’année, mais les prix varient tous les jours."


Un degré de moins, c’est plus de 7 % d’économie.


Le cas de Saint-Florentin n’est pas isolé. Nombre de collectivités icaunaises tentent de limiter la casse. Dans le Jovinien, la piscine reste ouverte mais la température de l’eau a été diminuée d’un degré et le dispositif des bébé-nageurs suspendu car il nécessitait de monter la température à 32°C. "Un degré de moins, c’est plus de 7 % d’économie", assure Alain Drouhin, maire de Bléneau et vice-président chargé des finances à la communauté de communes de Puisaye-Forterre. À Bléneau aussi, la température a été abaissée de 27 à 26 °C.


Même mesure à Tonnerre, où la Ville souhaite tant que possible garder la piscine ouverte. "Est-ce qu’on s’interroge sur la fermeture pendant l’hiver ? La réponse est oui, on regardera l’évolution des marchés en 2023. La piscine c’est énorme en termes d’eau, d’énergie et de chauffage, c’est 350.000 - 400.000 euros de dépenses en plus", déplore Pascal Lenoir, adjoint aux finances à la Ville.

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