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Clamecy : la démographie en berne depuis plusieurs décennies

Dernière mise à jour : 18 mai 2022


La ville de Clamecy connaît toujours un fort déclin démographique. À l'issue du recensement de 2019, les habitants ne sont plus que 3.590. L’Insee Bourgogne-Franche-Comté explique des chiffres inquiétants.

On le sait, la lecture des dernières données publiées en début d’année par l’Insee de Bourgogne-Franche-Comté sur la démographie (la population légale au 1er janvier 2019), n’est pas bonne du tout pour Clamecy. Au dernier recensement, la ville centre du Haut Nivernais ne comptait plus que 3.590 habitants contre 3.993 en 2013 (soit - 403).


Un déclin continu qui dure depuis 1975

Et là, impossible de contester ces chiffres car, comme le rappelle l’Insee, Clamecy, au titre des communes de moins de 10.000 habitants, a été recensée de manière exhaustive : « On a recensé tout le monde. Cette campagne répertorie les populations légales de l’année 2019. La responsabilité de la collecte incombe aux communes. C’est le maire qui embauche les agents recenseurs sous la supervision de l’Insee. À ce titre, il a tout moyen de regarder comment se passe la collecte… ».


Depuis 1975, la cité des Flotteurs connaît un déclin continu qui semble désormais irrémédiable. À cette date, elle frôlait les 6.000 habitants (5.922). En 1982, elle en comptait 5.590 ; en 1990, 5.284. La population est passée sous la barre des 5.000, dès 1999 (4.804), puis sous celle des 4.000 en 2013 (3.993).


« Cette baisse, qui était assez forte depuis 1975 jusqu’à 1990, s’est encore accélérée. Elle s’est poursuivie jusqu’en 2009. Depuis cette dernière période, elle s’est encore à nouveau accélérée ». En 2008, la population s’élevait à 4.331 habitants, soit une baisse de 741 entre cette date et 2019.


Signes d’inquiétude pour l’Insee, les deux moteurs du solde naturel et des migrations sont tous deux négatifs. « Le territoire, qui est vieillissant, perd des habitants car il y a plus de décès que de naissances. Il y a également plus de départs que d’arrivées du côté des migrations. Sur la dernière période, 2013/2018, on observe que c’est à peu près moitié-moitié, moitié de solde de déficit naturel et moitié de déficit migratoire. »


Comprendre que la population en place est déjà assez âgée et qu’elle va donc continuer de vieillir. Les espoirs de renouvellement semblent très ténus. Il faudrait donc jouer sur l’attractivité touristique pour espérer conquérir de nouveaux habitants (retraités) et la construction de nouveaux logements.


Clamecy est au cœur de ce que l'Insee appelle « la diagonale aride », ou diagonale du vide, bref, le désert français.


Pas si simple, car pour l’Insee, Clamecy est au cœur de ce qu’elle appelle « la diagonale aride », ou diagonale du vide, bref, le désert français. « Cette bande de territoire qui part du nord-est de la France pour aller jusqu’au sud-ouest. De plus, il n’y a pas de grand moteur démographique près de Clamecy. Et nous sommes dans une région BFC où la démographie n’est pas très dynamique à l’exception de la bande frontalière avec la Suisse (Doubs, Jura) et tout autour de Dijon et Besançon. C’est encore assez jeune et il y a de l’emploi. À Clamecy, c’est une zone où il n’y a pas tout ça ».


L’illustration de cette situation gravissime, on la retrouve dans l’analyse des tranches d’âge. C’est celle des 60-74 ans qui est la plus importante (22,4 %), suivie de celle des 45-59 ans (18,3 %). Les 0-14 ans ne représentent plus que 15 %, suivis des 15-29 ans (14,7 %).


« À Clamecy, en 2018, 16,3 % de la population avait plus de 75 ans alors que c’est 14,3 % dans la Nièvre », observe l’Insee. « Les seniors (de 60 à 90 ans et plus) représentent près de 40 % (38,6 %) à Clamecy contre 29,5 % au niveau de la Région BFC, soit près de dix points de plus ». Les moins de 30 ans ne concentrent plus que près de 30 % (29,7 %) de la population clamecycoise « sachant que de nombreux départs sont enregistrés dès la vingtaine », précise encore l’Insee.


Une baisse notoire dans l'ancien canton

La population de l’ancien canton de Clamecy, qui comptait quatorze communes, connaît, elle aussi, une baisse notoire. Elle est passée de 8.060 en 2008 à 7.563 en 2012, pour atteindre les 6.850 en 2019, soit - 1.210 entre 2008 et 2019. Une érosion due surtout à la baisse de la population clamecycoise, puisque si l’on ne prend en compte que les treize autres communes, la baisse n’est que de 469.

La population de celles-ci est passée de 3.729 en 2008, à 3.570 en 2012, et 3.260 en 2019. Bref, toutes les communes connaissent une baisse, ce qui n’avait pas été forcément le cas dans les années quatre-vingt-dix où la forte imposition locale du chef-lieu avait conduit des habitants à s’exiler à Armes ou à Billy-sur-Oisy.


Le prochain recensement intégral ne sera effectué qu’en 2025. « Les comptages annuels seront effectués à partir des fichiers administratifs. Si vraiment, il y a une hausse constatée, elle sera intégrée au fur et à mesure des années jusqu’en 2025 et elle sera pleine et totale au moment de la prochaine collecte », explique l’Insee.


Decize et Clamecy, petites unités urbaines en déprise démographique et subissant un déclin de l’emploi selon l'Insee


L’Insee rappelle néanmoins qu’il y a « une grande force d’inertie localement » puisqu’il y a beaucoup plus de décès que de naissances. « Pour la compenser, voire la dépasser, il faudrait que des quartiers entiers émergent de terre. S’ajoutent à cela les départs d’habitants (pas toujours reconnus, dit-on, par les élus). J’ai l’habitude de dire que les maires font souvent des pots d’accueil sauf qu’il n’y a jamais de pots de départ organisés. Et des fois, ils sont plus nombreux (rires) », conclut David Brion, responsable des études à l’Insee BFC.


Vers un rebond démographique ?

Pour Julien Guibert (RN), Clamecy a perdu des habitants ce qui a déjà un impact sur le budget avec, « moins de dotations de l’État ». Le conseiller municipal l’a souligné en mars dernier lors du budget primitif 2022.


Si le maire, Nicolas Bourdoune, ne conteste pas les chiffres de l’Insee, il assure observer, depuis 2019, une nouvelle tendance de fond qui serait celle d’une nouvelle augmentation de la population. « Les transactions immobilières et l’arrivée de nouvelles boutiques l’an dernier avec dix enseignes et une seule fermeture en témoignent. Nos commerces se portent plutôt bien. Les chiffres de l’Insee, donnés en 2022, sont ceux de 2019. Nous avons fait valoir un certain nombre de régulations qui seront effectives dans l’année 2022 ».


« J’ai envie de vous croire », a rétorqué Julien Guibert. « Mais j’ai rencontré en janvier, février et mars des commerçants qui me disaient que c’était très difficile. Ils avaient du mal à faire entrer du chiffre d’affaires... J’espère que vous avez raison ».

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